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lundi 30 septembre 2013

Bien après la digestion...

Il y a un peu plus de 3 semaines, je suis rentrée d'une réunion de parents/professeurs des classes de 4e au collège de mes enfants, sidérée et passablement choquée par des choses entendues de la bouche de certains parents. Autant dire que depuis, j'ai déjà digéré mon indignation alors que je me suis promise d'écrire dès le soir même ! En fait, je découvrirai au fur et à mesure que j'écris si ce billet mérite finalement d'être publié.

Je vous plante le décor : 18h30, le principal du collège, une quinzaine de membres du personnel encadrant allant des professeurs de chaque matière aux autres responsables de services (infirmerie, vie scolaire, cantine etc.), et une bonne cinquantaine de parents (papa ou maman) - donc la moitié des foyers était représentée puisque chaque classe compte en moyenne 25 élèves pour 4 classes de ce niveau ; tout ce monde dans la grande salle polyvalente d'un collège neuf puisqu'inauguré il y a 2 ans, beau, moderne et répondant aux normes environnementales et écologiques actuelles. Qualité de l'assistance, côté parents : bonne, je veux dire par là qu'à en juger par les têtes présentes, c'étaient a priori des parents qui se soucient au moins un peu de la scolarité de leurs progénitures pour venir au collège par une soirée automnale avant l'heure, grise, pluvieuse et déjà bien fraîche...

Premier sujet abordé par le principal après les salutations habituelles : la demande exceptionnelle faite aux parents de verser un acompte de 50€ aux frais de cantine du 1er trimestre. Il a expliqué que c'était dans un souci de ne plus mélanger la comptabilité à part de la cantine scolaire avec celle du fonctionnement général de l'établissement - erreur de gestion déjà pointée par l'agent comptable de l'Académie, d'autant plus que la trésorerie de fonctionnement général n'est déjà pas pléthorique. La cantine étant un service fourni aux élèves pour lequel la contribution financière des parents est demandée, cet acompte est nécessaire pour pouvoir payer les fournisseurs (de frites, de pâtes, de yaourts etc. de nos chérubins...). Je comprends que la gestion de la trésorerie de la cantine secourue, le problème est reporté du côté des portefeuilles des parents, mais l'acompte est déduit des frais de cantine trimestriels, donc je me dis que c'est un mal pour un bien et on s'entraide en ces temps de crise, n'est-ce pas ?

Si bien que j'étais assez stupéfaite quand, après ces explications comptables insistantes, un monsieur juste derrière moi soulève de nouveau le problème en disant qu'il ne comprenait pas cet acompte, autrement dit il n'était pas d'accord ! Je me retourne et à ma stupéfaction encore plus grande, il s'agit du père d'un des très bons copains de mon fils, délégué de classe avec ce dernier, que je croyais plutôt posé (il est déjà venu chez nous déposer son fils lors de l'anniversaire du mien il y a quelques mois). Car j'ai nettement senti de l'agressivité dans sa voix, et je n'étais pas la seule. Deuxième tentative d'explication de la part du principal... Mais en fait, c'était juste un prétexte car très vite, d'autres voix se sont élevées pour pointer la mauvaise qualité du repas à la cantine !

Eh oui ! Nous y voilà ! Le monsieur en question : "Oui mes fils se plaignent souvent - et pourtant les miens ne sont pas parmi les plus difficiles (ah oui ?) que ce n'est pas bon, qu'on sert souvent des restes...". Le brouhaha total dans la salle. Alors, je sais par mon fils qu'effectivement, on ressert des restes du repas de la veille parfois, mais si cela m'a un peu interpellé, il n'a jamais été encore malade. Et surtout, je sais aussi que lui et ses copains font l'impasse sur l'entrée quand on y propose des betteraves, du pomelos, et tout ce qui est salade bizarre (aux yeux et papilles des ados, bien entendu). Alors, un ou 2 parents, puis un professeur, sont venus au secours du principal : "combien coûte l'assiette (= le repas unitaire) ? " > "1,80€" > "ben oui il ne faut pas non plus avoir de grandes attentes pour 1,80€ !"  ; "la cantine n'est pas un restaurant 3 étoiles" ; "si cela ne vous convient pas, faites donc manger vos enfants à la maison à midi". Ben oui ! ce n'est pas dégueulasse non plus mais c'est bien connu que "c'est-pas-bon-c'est-nul" dès que ce n'est pas du steak frites !

Là, j'avoue que j'ai pensé à des tas d'amis et de connaissances : ceux dont les enfants ne bénéficient pas d'un service de cantine et qui doivent emmener leurs boîtes à lunch (allo les québécois), ceux sous les tropiques qui mangent devant le lycée des cacas-pigeons ou des sandwichs, ou doivent se taper les embouteillages pour rentrer manger et revenir (salut les malgaches)... Râler pour râler ? Jamais contents ? Mais où on va ?

Deuxième sujet rappelé par un professeur aux parents : le règlement interne du collège, notamment l'attribution de point en cas de mauvaise conduite ou de comportement inadapté en cours ou dans l'enceinte du collège, sachant qu'au bout de 5 points reçus par l'élève, celui-ci est retenu de 17 à 18h et rate donc le car scolaire ou fait attendre le parent qui vient le chercher 1h de plus. Protestation d'une maman présentée sous forme de question-suggestion : "N'y a-t-il pas un moyen de faire faire l'heure de retenue à un autre moment de la journée entre 9 et 17h parce que cela me pose un sacré problème de logistique de devoir venir au collège chercher mes enfants comme ils ratent le car ?" Ricanements dans la salle quand elle ajoute "oui parce que c'est arrivé à mon fils, puis à ma fille aussi". Non, mais ! Elle n'a pas honte ? Pas de remise en question un peu ? J'ai admiré la patience du professeur qui a d'abord expliqué très pédagogique : "votre enfant ne peut pas faire la punition pendant les heures d'études parce qu'il faut qu'il comprenne quand même que c'est une punition...", puis n'y tenant plus, a enchaîné avec l'ironie "mais peut-être y a-t-il moyen de sensibiliser votre(s) enfant(s) justement avant qu'on en arrive aux 5 points, pour que vous ne soyez pas pénalisée aussi ?!?". Et puis, c'est le règlement du collège, il est fait pour être respecté, point à la ligne.

Thème suivant : les absences pour cause de maladie ou autres n'exonèrent pas les élèves concernés de rattraper les cours, devoirs et contrôles effectués en leur absence, ils y sont au contraire obligés. Une maman lève la main et expose le cas de son fils qui s'est déjà trouvé dans l'impossibilité de recopier un cours en vue d'un contrôle le lendemain de son absence car il était en déplacement toute la journée et même une bonne partie de la soirée avec les profs d'EPS pour disputer une compétition inter-établissements. Elle a, par contre, reconnu que cela a dû arriver une fois ou deux tout au plus dans l'année. Le principal, appuyé par une dame responsable de l'intendance, propose la solution d'utiliser la photocopieuse du collège. Mais non ! Une accusation est portée par... le papa du copain de mon fils (décidément !) que son fils, concerné aussi par ce cas, a déjà demandé à faire des photocopies, ce qui lui aurait été refusé, sans doute parce qu'il a dû demander gentiment ? Ouhlà, je me suis dit que cette fois, ça allait clasher car le principal est devenu blême et a eu un échange avec le monsieur dont je n'ai pas vraiment saisi la teneur...

Anecdote suivante relatée par une prof : certains élèves n'écrivent rien dans leurs cahiers de texte et si les profs ne sont pas derrière à contrôler, ils ne notent rien, même pas les leçons ! Commentaire du même papa, marmonné certes mais j'ai entendu quand même : "tant mieux, comme ça les cahiers pourront être utilisés pour l'année prochaine !". Waouh ! je n'en revenais pas. C'est censé être de l'humour ?

Question à première vue pertinente d'une maman à l'endroit des professeurs : "Quelles sont vos attentes particulières vis-à-vis des élèves de 4e comparé à ce qui était exigé d'eux en 6e, en 5e ?". Réponse du professeur d'histoire/géographie/éducation civique : "Plus de travail personnel et surtout beaucoup plus d'autonomie dans le travail car avec la 3e, ce sont les 2 dernières années où ils pourront en faire l'apprentissage, après au lycée ils doivent déjà être parfaitement autonomes... oui, c'est ça pour résumer, de l'autonomie !". Réflexion de la maman en question dans la salle plongée dans un silence religieux : "Put... !", suivie de ses excuses et des ricanements des autres parents qui l'ont entendue. Fallait-il rire de sa grande spontanéité qui peut présumer du type de réaction à la maison ou du fait qu'elle semblait réellement désemparée par cette attente des professeurs ?

Le même professeur d'histoire/géographie/éducation civique toujours, a subi une autre réflexion désobligeante d'une autre maman quand il s'est présenté et a précisé qu'il est le professeur de ces matières de la 6e à la 3e : "Ah oui, mon fils en est d'ailleurs ravi ! ah ça oui... (blablabla blablabla)". Le prof a rougi et serré les dents.

Je suis chochotte ou quoi ? Sans doute ! Mais je les ai trouvé particulièrement agressifs les parents ce soir-là. Comment peuvent-ils contester le règlement interne du collège ? Comment peuvent-ils contester l'autorité des professeurs quand eux-mêmes, n'en ont pas vis-à-vis de leurs enfants ?! Comment se fait-il qu'ils ne montrent aucune compréhension envers les professeurs qui subissent de plein fouet les coupes justifiées par la crise, la crise, et encore la crise, dans le budget de l'Education nationale, et qui doivent donc jongler avec les postes à temps partiel, les suppressions de postes, l'insuffisance (ou l'inexistence) de budget pour organiser un voyage d'études dans les règles (à moins que les accompagnateurs ne paient eux-mêmes leur séjour...) ? C'est donc vrai ce que je vois souvent dans les reportages télévisés : parents qui s'élèvent contre les éducateurs, jusqu'à les agresser physiquement ? En tout cas, j'ai vu ce soir-là que cela pouvait dégénérer assez vite. Il n'y avait que des revendications : il faut il faut, on veut on veut, donnez, faites ! Aucun compliment, aucune remarque positive à l'endroit du personnel enseignant.

Certes, mes repères sont tout simplement différents - je pense souvent à la chance qu'ont mes enfants de bénéficier de ce cadre de vie scolaire (locaux neufs, ambiance quasi familiale car établissement à taille humaine, sans violence ou cas problématiques...), aux enseignants de ce collège qui, à mes yeux, montrent autant de fermeté que de volonté de réellement coopérer avec les parents et de transmettre le savoir aux élèves. Mais quand même...

Bon allez, je publie mon billet, écrire fait partie de ma thérapie et si vous avez des commentaires ou des anecdotes, cela me fera encore plus de bien !

2 commentaires:

  1. Je comprends parfaitement ton indignation. Pour beaucoup, l'école est juste un lieu de formation et non d'éducation.

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  2. Paraîtrais-je un peu trop sévère envers ces "parents" en disant qu'eux-même, vu leur réaction, ne semblent avoir reçu que très peu d'éducation? Ou font-ils preuve d'égoïsme bête et d'aucune retenue au point d'oublier la chance qu'ont leurs enfants de se trouver dans un si beau collège tout neuf, loin des violences et des racailles des banlieues des grandes villes? Franchement, il y a des gens qui devraient essayer de voir un peu plus loin que le bout de leur nez.

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