Un week-end à Paris

Cette fois-ci, c'est ma fille qui est partie.

Nous n'avons pas hésité une seconde à l'inscrire quand on a pris connaissance de ce week-end culturel organisé par son école de danse. Pour 90€ par personne de participation de la famille (les 75€ restants pris en charge par l'association des parents et un privé), chacun des 60 "enfants" (condition : avoir au moins 10 ans) profitera du programme suivant :

Le samedi : repas sur la Tour Eiffel avec le pique-nique fourni par la famille ; visite de l'Assemblée Nationale ; première d'un spectacle de ballet à l'Opéra Garnier (Concerto en Ré de Bach, Napoli de Paulli, Scaramouche Milhau, Yondering Foster sur à chaque fois la chorégraphie d'un illustre chorégraphe).
Le dimanche : musée des instruments de musique à la Villette et musée du Louvre ; et en bonus, aperçu du marathon de Paris couru ce jour.
L'hébergement est dans une auberge de jeunesse et le déplacement, en TGV Agen-Paris-Agen.

Nous voilà donc toutes les deux, hier, réveillées à 4h du matin, elle excitée à l'idée du voyage ("j'ai trop hâte") et moi en plein état grippal et en manque de sommeil quasi chronique (bref, en mode maman classique), poussant l’héroïsme et la bravoure jusqu'à ne pas réveiller mon mari - alors qu'il a proposé de m'accompagner sur 120 km aller et retour - pour la déposer à la gare d'Agen. Et pour couronner le tout, il faisait à peine 3° à Agen et ses environs en ce début de doux printemps, l'idéal pour ma grippe !

En gare d'Agen : 60 enfants, une douzaine d'adultes accompagnants et les parents qui ne feront pas le voyage... Pour éviter tout retard du côté des voyageurs, on nous a dit d'être là à 6:15, le départ étant prévu à 7:11. Et évidemment - le contraire aurait été étonnant - la SNCF fidèle au cliché a annoncé un retard du train de 15 mn ! Yes ! On a poireauté 1h dans le hall de la gare.

7:20 : embarquement dans le train. Bisous, câlins, encore des bisous, encore des câlins. Ma fille à pas encore 12 ans fait son tout premier voyage sans moi. Outre les recommandations de rigueur, je lui ai glissé des "n'hésite pas à m'appeler s'il y a quoi que ce soit" ou "envoie-moi des sms de temps en temps" (Papa lui a prêté son portable)...

Il ne me restait plus après cela qu'à rejoindre le parking de la gare, les pieds gelés et ma tête de zombie flirtant dangereusement avec la mort sur le chemin du retour : micro-sommeil au volant...

Je suis arrivée à la maison avec le 1er sms de ma fille : 8:31 "Là on est à Bordeaux". Je ne savais pas encore que j'allais vivre presque tout le séjour avec elle, à distance. Je ne sais pas si je lui manque, ou si c'est le fait de ne pas pouvoir vivre ces moments avec moi, ou l'euphorie d'être pour la première fois en possession d'un portable, mais elle m'a inondée de sms :
10:58 "Là je vais manger mon sandwich au chorizo bisous"
11:05 "... j'ai pas fini le pain rosette il va plus être bon :("
12:58 " Là on est à l'auberge de jeunesse"

Entre-temps, elle m'a appelée pour dire que "c'était trop bien à l'Assemblée Nationale on a vu Jean-Louis Debré ! (...)". Puis les sms ont continué :
17:57 "Là on va bientôt aller dans nos chambres"
21:24 "C'est trop bien" (le spectacle de ballet)...
Je ne sais pas comment elle a géré les sonneries du portable lequel doit être atteint pendant un spectacle...

Enfin, l'appel vers 23:00 pour se souhaiter bonne nuit.

Ce matin, elle m'a réveillée à 8:19 "Là on mange je me suis levée à 6:50 bjr à tout le monde ;)"
8:23 "Ok désolée merci salut gros bisous à vous", car je lui ai dit qu'elle m'a tirée de ma grasse mat ; puis je lui ai signalé qu'ils croiseront peut-être les marathoniens - "Ok jte dirai si on les voit".
9:20 "On le voit !!!"
11:35 "On a fini le musée de la musique on va rentrer manger ct trop bien !"
Du coup, on s'est appelées pour échanger sur 2-3 trucs où elle m'a racontée qu'elle a acheté des souvenirs et des petits cadeaux pour son père et son frère "et je t'achèterai quelque chose au Louvre".
13:57 (à l'heure où j'écris ces lignes) "On est au Louvre".

Ah, les magasins de souvenirs de ces musées-là pourront lui dire merci !
Et moi je dis merci à la technologie de la communication : certes, je n'étais pas inquiète, mais grâce au téléphone, j'ai voyagé un peu avec elle.

En attendant, je vais soigner ma grippe pour être en forme ce soir : il faudra la chercher à Agen à 22:49.