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mercredi 30 mars 2016

Les chemins qui se croisent...

Il y avait une chance sur un million pour qu'on se revoie aujourd'hui et pourtant !

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Mercredi 30 mars 2016, une fin d'après-midi qui n'a pas encore trop décidé entre l'hiver et le printemps : nuages gris, fin crachin et température plutôt douce. Je retrouve les rues de mes vingt ans. Sans trop de direction. Je flâne en chaussures à talons, rentre dans des magasins, essaie des chapeaux, achète 2-3 bricoles et j'ai de plus en plus mal aux pieds...

Certains, à la croisée des chemins, font un choix : une voie plutôt qu'une autre. L'autre chemin s'arrête-t-il alors ou continue-t-il d'exister en parallèle ? J'ai déjà entendu ces questions-là... Ce sont les pensées qui me traversent l'esprit quand je passe devant un petit snack oriental, je le dépasse puis reviens sur mes pas pour acheter un "Käsetasche" (une sorte de chausson au fromage venant du Moyen-Orient) que j'affectionnais quand j'étais étudiante. Je viens de trouver mon repas du soir !

Je regarde ma montre, 18h50, il y a un tram dans 10 mn, j'accélère mes pas puis m'arrête devant un passage piétons. Là sur ma droite, une femme dont le profil me rappelle furieusement quelqu'un, et pour cause : c'est un profil grec, le nez grec, les cheveux bruns, ces grands yeux - ça ne pouvait être qu'elle ! Je m'approche, l'aborde, "Maria ?" et ...

Bingo ! C'est elle ! C'est incroyable ! On n'arrive pas à le réaliser. On devait sans doute se revoir aujourd'hui, c'était écrit quelque part. Il y a des chemins qui se séparent, d'autres qui se re-croisent.

Cela faisait presque 20 ans qu'on ne s'est plus revues. Nos visages portent les marques de ces années et pourtant, c'est comme si c'était hier.

Comme si c'était hier qu'on a fait connaissance. On avait 18 ans toutes les deux, la grecque et la malgache. Les étudiants grecs me semblaient arrogants à l'époque, vis-à-vis des turcs et des autres étrangers vivant et étudiant en Allemagne, se croyant supérieurs et plus proches des allemands que nous autres. Mais pas Maria. Elle était sympathique et agréable avec tout le monde et on était inséparables. Deux semestres de prépa, puis la même université mais deux facultés différentes : Droit pour elle, Economie pour moi. C'est comme ça que les chemins s'écartent et se séparent parfois. Chacune a terminé ses études, je suis rentrée dans mon pays sans lui dire au revoir...

Maria est devenue avocate, je l'ai appris grâce à Google il y a quelques années ; elle s'est mariée avec son petit copain de l'époque, je l'ai appris aujourd'hui, elle m'a montré sa photo, je l'ai reconnu, il porte juste une barbe maintenant, a plus de joues et quelques cheveux blancs... les marques des années. Elle a 2 enfants, 2 filles, j'en ai 2 aussi, 1 garçon et 1 fille - ils ont tous les 4 à peu près le même âge. Maria n'a jamais quitté Bonn, j'ai pas mal bougé depuis. Elle ne m'a pas oubliée, se demandant de temps en temps où je pouvais bien être, parlant à ses enfants de sa copine étudiante de Madagascar, parfois.

Nous avons fait - quoi ? 200-300 m ? en se racontant tout ça. J'ai eu envie de lui demander de faire un selfie, mais je n'ai pas osé. Peut-être a-t-elle eu la même envie et pas osé demander ? Au final, nous avons échangé nos cartes de visite et partagé beaucoup d'émotion - que ça et surtout ça, plus la promesse de nous revoir plus longuement la prochaine fois que je viendrai à Bonn.

Je suis descendue dans la station de métro/tramway après l'avoir suivie des yeux pendant quelques secondes, elle courait, sa cadette vient de l'appeler. J'ai attrapé le tram de 19h30. Et j'ai repris le cours de mes pensées : les chemins qui se croisent, se séparent et se re-croisent.

Uni-Markt


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