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mardi 26 mars 2013

Donnons-leur la parole !

Mon enfance et mon adolescence ont baigné dans la consigne "Tais-toi et écoute, c'est un signe de respect envers les grandes personnes". Il m'a été enseigné que "la parole est d'argent, mais que le silence est d'or". Dans ma langue maternelle, un proverbe dit que les mots sont comme les œufs, une fois éclos, ils s'envolent, sous-entendu : fais attention à ce que tu dis, tourne ta langue 7 fois dans ta bouche, sinon danger ! Et je peux multiplier les exemples.

Résultat ? Ecouter est ma seconde nature. Quand j'écris que j'ai une très bonne capacité d'écoute, ce n'est pas de la prétention ; quand je raconte que je suis à l'écoute de mes clients, c'est l'entière vérité ; j'écoute ma mère, mon mari ; je suis un peu moins patiente avec mes enfants, mais je pense être plutôt une bonne confidente. Observer est devenu un talent. Car pendant qu'on écoute, les yeux sont à l'affût du moindre détail, on scrute les visages, on flaire les odeurs, on détecte les ondes. On ne naît sans doute pas intuitif mais on apprend à l'être par la force des choses.

Parler est moins évident... dès lors qu'il s'agit de le faire en public. Nous y voilà ! La plupart des gens ont du mal à prendre la parole devant une assistance plus ou moins nombreuse ; c'est quelque chose qui s'apprend, on se fait coacher et on paie pour cela, on s'exerce à maîtriser sa respiration et les paramètres extérieurs. Pour ma part, des anecdotes tour à tour cocasses ou un peu ridicules ont émaillé mes jeunes années quand j'ai dû parler devant des tiers. Entre le cœur qui bat la chamade, menaçant de sortir de la poitrine pendant que je tourne et retourne les phrases dans ma tête avant de les sortir, et tout ça en étant bien consciente du ridicule de la situation, ou la fois où je me suis improvisée animatrice et présentatrice de spectacle et où mon cerveau a refusé de fonctionner pendant quelques secondes et là, le blanc ! Horrible souvenir, quand des centaines de paires d'yeux sont braqués sur vous et les sourires, mi-atterrés, mi-moqueurs. Surtout parce que ce précieux organe n'a été capable de me faire pondre que quelques mots bredouillés et bricolés, quand il a enfin daigné reprendre du service !

C'est si trivial et pourtant on n'y pense pas. Je l'ai compris quand j'ai vu mon fils à l'œuvre. Parler en public s'apprend dès le plus jeune âge. Aux parents de créer l'environnement propice pour cet apprentissage, aux adultes d'être bienveillants et de confier des responsabilités aux enfants. Si on adapte le tout à leur échelle, ils s'en sortent très bien ! Ils y prennent goût et c'est le plus important. Cela les habitue à échanger avec les adultes et les prépare à leur vie professionnelle et en communauté plus tard. Prendre la parole en public est autant un exercice physique qu'un effort intellectuel. Vaincre sa timidité, apprivoiser son trac, poser sa voix ; puis, structurer sa pensée, trouver les mots convaincants et percutants.

Mon fils a commencé par raconter des blagues à table à des adultes qui adorent en raconter aussi. Faire rire les adultes est apparemment très stimulant et valorisant, et c'est ainsi que tout a commencé. Deuxième étape plus sérieuse ensuite, c'est de se faire élire délégué de classe. Il a dû constater qu'il avait la confiance et la considération des professeurs et de ses camarades de collège. Une petite formation au rôle de délégué de classe et le tour est joué !

Grâce à une bonne inspiration, je me retrouve représentante des parents d'élèves de sa classe avec le privilège d'assister et de participer au conseil de classe trimestriel. Et découvre que les délégués prennent la parole, défendent leurs camarades, expliquent, illustrent etc. Quel cœur a cogné dans sa poitrine ? Le mien. Qui a eu la gorge sèche ? Moi. Quel plaisir ! Quelle fierté ! Ça, c'est mon fils ! c'est mon fils, ça ?

Le coup qui m'a bluffé et donné beaucoup d'espoir pour l'avenir, c'était il y a quelques jours où on lui a donné la parole sans préparation. Demi-journée de présentation et de visite du collège pour des élèves de CM2 en vue de la prochaine rentrée où ils basculeront dans la cour des grands. On y va en famille pour ma fille et mon fils, bien que déjà en 5e, est de la partie. Connu des copines de sa sœur, il a joué le guide informel à la demande de celles-ci. La matinée s'est terminée dans le centre de documentation et d'information, communément appelé CDI. Devant un petit groupe de 30 parents et futurs collégiens, mon fils se fait "attraper" et désigner par sa professeure de français en 6e et la documentaliste pour compléter leurs explications sur le CDI et les activités proposées aux collégiens. Re-cœur qui cogne et re-gorge sèche pour moi. Lui a improvisé 2-3 phrases, tout simplement !

La jeune génération a plus de liberté de parole certes exercée avec plus ou moins de discernement, mais heureusement qu'ils s'expriment ! Encourageons-les !





5 commentaires:

  1. Coucouououo,
    Quel délice de lire tes posts ! Je me retrouve un peu dans chacun de tes articles ! J'attends les prochains avec impatience ! Gros bisous

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  2. merci beaucoup cela me fait plaisir !
    gros bisous
    p.s. : je reverrai nos connaissances communes montréalaises demain.

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  3. Claire et moi avons bien rigolé avec ton passage où tu écris qu'Aston a commencé à raconter des blagues à des adultes à table...... Ça nous a rappelé de supers souvenirs

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    1. ... la dernière tendance des 2 sont les contrepètries, genre 'couper les nouilles au sécateur' !!! partie de rigolade assurée aussi.

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    2. Moi je connaissais : faire d'une pierre deux coups et être fier d'une paire de c.....

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