Je les adore, mes ados !

Depuis un peu moins d'une semaine, j'ai 5 ados et pré-ados à la maison : quel régal ! quelle animation ! Les goûters à préparer, les glaces au dessert, les morceaux de courgettes qu'on écarte dans son assiette... un ado mange comme quatre et le budget mensuel du ménage s'en ressent !

Mais c'est facile à nourrir aussi, si on met à leur disposition la "nourriture" qu'ils affectionnent. La preuve, l'autre soir, les 2 couples de parents sortent en leur faisant le plus beau cadeau du jour : les laisser entre eux (avec le chien) à la maison. Comme on avait 2h de route à faire en voiture pour atteindre notre destination, on leur a laissé "juste" le frigo ("hein, vous n'allez pas mourir de faim !?!"), surtout rien qu'il faille réchauffer ou cuire pour éviter l'incendie de la maison, donc du pain, du pâté, des chips, des pêches, des esquimaux, des bonbons et un paquet XXL de M&M's ! Ah, il fallait les entendre discuter de ce qu'ils allaient regarder comme film d'horreur (ils ont fini par regarder Fort-Boyard !). Bilan de cette soirée : nous rentrons à minuit et demie, ils n'étaient pas couchés (l'extinction des lumières était convenue à 23h maxi) et le paquet XXL de M&M's qui trônait au beau milieu de la table à manger : vide !

Dans une journée, un ado passe par une phase d'excitation et d'énergie, donc de cris, puis par une phase de silence ou de léthargie apparente, signe d'un autre type d'activités (cf. mon poste du 21/06/2013) : jeux à la DS ou à l'ordinateur, musique avec les écouteurs en-fon-cés dans les oreilles... Les deux phases se suivent et s'alternent, les activités peuvent varier - ou pas : des cris à table s'il y a des frites, des pizzas ou des glaces (décidément !), un silence synonyme de bouderie à table toujours quand je fais du chantage pour arriver à mes fins "je te ressers une deuxième assiette de pâtes à condition que tu me manges ces courgettes que tu as laissées au bord de ton assiette", et BAM !

Bon, je disais donc, les cris - les leurs dans la piscine, dans la maison, et les miens - les engueulades ; les chamailleries que je suis obligée d'arbitrer parfois contre mon gré "maman, dis-lui de nous rendre le ballon !"; "maman, il n'arrête pas de nous suivre, c'est une conversation privée ! il nous écoute, il nous espionne !"; "c'est même pas vrai ! meuh non, c'est pas moi !"... Les cris, c'est également pour gérer les différences de comportements entre filles et garçons - ah, j'ai oublié de mentionner que mes 5 ados et pré-ados sont composés de 2 filles de 14 et 11 ans, et de 3 garçons de 13, 11 et 9 ans et demi - les filles qui mènent leur petite vie à cet âge-là déjà, papotent dans leur coin, regardent des séries en annexant la télé de 18h30 à 19h30-20h (Violettaaaaaaaaaaaaaaaaa), mais qui sont beaucoup plus futées, efficaces quand il faut ; et les garçons qui ne pensent qu'à embêter les filles ! On peut le résumer comme ça !

Et des moments de silence mais toujours accompagnés des bruits de la nouvelle technologie - ah non, bien sûr que le silence absolu n'existe pas ! Donc à cet instant où j'écris mon post, c'est la télé qui les ado-sitte (le verbe "baby-sitter" conjugué à la 3e personne du singulier, mais ce sont des ados qui sont gardés) et ils regardent une de ces vieilleries que moi, je ne pourrais plus regarder, surtout pas en leur présence, au risque de me faire traiter de ringarde : Karaté Kid I !!!!!!! Waouh ! Pour le coup, je suis ravie ! Je leur ai dit, toute fière et nostalgique, que je l'avais regardé 36 000 fois quand j'étais ado comme eux ! Bon, ils ne font pas trop attention, à peine si je récolte un "ah bon ?" - pas grave ! J'échange des souvenirs du film avec un adulte de ma génération "tu te rappelles comment il attrapait les mouches avec des baguettes ? - ah ouais ! hahaha" et récolte en face "mamaaan ! chuteeuuuuuuuuuuuuuh !"

Finalement, et ce n'est pas la première fois que je me fais la remarque, mon adolescence n'est pas encore si loin que ça ! Je me revois encore avec les bêtises, les petits mensonges, les chamailleries avec mes propres sœur et frère etc. Je repense à tout ça et à mes propres frustrations d'adolescente dans les années 80, dans un pays en développement au sein d'une famille (très) relativement aisée, et je me dis que je prends ma revanche. Une maman peut profiter de son bébé ou de son petit enfant en lui faisant plein de câlins, en tripotant à longueur de journée les cuisses potelées au gré des changements de couches, en embrassant les grosses joues, en donnant à manger à la petite cuillère. Elle ne peut plus faire tout cela avec un(e) ado, mais peut en profiter autrement en étant attentive au maximum à leur évolution. Plus facile à dire qu'à faire ! L'adolescence est une période épuisante mais ô combien passionnante ! J'y arrive quand même de temps en temps. La preuve, hier :

Après des mois scotchés devant mon ordinateur à respecter les délais imposés par mon chef ;-) et les clients, je peux le temps d'une matinée appuyer sur pause, flemmarder et lézarder au soleil. Et prendre le temps d'observer mes ados, les vrais miens ! Je le disais plus haut : c'est plus facile de fondre, attendrie, devant un beau bébé joufflu, de craquer pour la bouille innocente d'un enfant de 3-4 ans, allez même jusqu'à 6 ans, ils sont adorables ! Mais ces ados qui te répondent du tac au tac, qui désobéissent à la moindre occasion, qui ont le front joliment orné de petits boutons, qui portent des bagues aux dents, mais qui te tombent en enfance dans les bras de temps en temps car malgré tout, ce ne sont que des enfants - on les aime, évidemment, mais comment les regarder avec le même émerveillement ?

Ce matin-là, j'y suis arrivée : éprouver une grande bouffée de tendresse, me rendre compte qu'ils sont beaux. J'ai l'air de me justifier mais compte tenu du rythme que la vie nous inflige, ce n'est pas si évident que ça ! Comme ma fille est belle avec ses longs cheveux qui lui donnent un petit air de jeune femme avec encore ce visage d'enfant ; elle s'affirme, elle a de l'assurance quand elle discute avec ses amis, bien plus que j'en avais à son âge, elle se met du vernis sur les ongles et je me régale de voir ça, de la voir devenir une jeune fille coquette. Comme mon fils est beau avec ses longues jambes et ces premiers signes de la puberté ; tiens, je ne l'avais pas remarqué jusqu'ici : il nage bien maintenant, très bien même, les mouvements relâchés de son crawl ne sont plus que de lointains souvenirs, il peut même, tout fier, faire une longueur de piscine sans respirer ! Et cette voix qui mue, ce fin duvet au-dessus des lèvres, et les pieds qui n'arrêtent pas de grandir, j'achète une nouvelle paire de chaussures de sport tous les 3 mois mais je souris !

C'est sûr, je les aime, je les adore, mes ados !