J'étais loin mais très loin de penser, au début de l'année, que début décembre, j'allais me retrouver de l'autre côté de la Méditerranée. Mais comme tout peut arriver dans la vie, me voici donc en Tunisie qui, en 20 ans, a énormément changé - la technologie et le Printemps tunisien sont passés par là, autant dire que je ne reconnais que peu de choses pour le moment.
Mais s'il y a une chose qui marque toujours le premier jour dans une capitale africaine embouteillée, c'est le comportement des automobilistes. Ce soir donc, je vous emmène avec moi pour un zoom sur les taxis jaunes de Tunis.
Hier soir vers 19h30, j'ai débarqué à l'aéroport international de Tunis-Carthage. Pas de navette de l'hôtel car c'est dimanche, m'a-t-on dit, je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre un taxi. Mon collègue m'a dit de ne pas faire de change, qu'il allait payer pour moi à l'arrivée à l'hôtel. Mais j'avais comme un pressentiment : je suis quand même allée changer 20 Euros.
A peine j'ai avancé vers la sortie de l'aéroport qu'un type m'aborde "Madame, taxi ?" tout en prenant ma valise avec évidence et autorité. J'indique ma destination, il me répond "c'est 60 dinars Madame" (26 Euros !!!!!!!) "Quooouaaah ? Nooon, on m'a dit 15 dinars !" - "Ah non madame ça c'est tarif de jour ! ... 50 dinars si tu veux". Je n'ai pas encore eu le temps de répondre qu'un deuxième vient et demande à l'autre où quoi comment et me propose 40 dinars. Comme ma réponse "15 dinars" ne marche pas, je finis par leur dire que de toute manière, le paiement ne se fera qu'à l'hôtel parce que je n'ai pas de dinars sur moi. Là ils m'envoient "faire le change madame, là-bas !". Je refuse - entre-temps on est dehors et je répète que la course sera payée à destination. Là-dessus, ils me laissent tomber ainsi que ma valise, et me font un signe dédaigneux de la main "là-bas (au loin) il y a des taxis". He he, ils sont malins mais moi encore plus - me suis-je dit. A peine 5 pas plus loin, un 3ème m'aborde, mêmes répliques "15 dinars" - "non la nuit c'est le double"... un 4ème "allez madame, c'est 25 dinars", je capitule de guerre lasse, je demande une facture, ce à quoi il me répond " avec facture c'est 30 dinars ! " J'allais refuser quand il est enfin resté sur 25 - tu parles, la belle affaire pour lui ! Un dernier "copain" s'empare de ma valise et s'auto-déclare "porteur" et attend "sagement" quelques pièces, je lui donne 2 pièces de 100 millimes, il proteste, indigné "aaah, mais madame c'est des millimes ça, tu n'as pas d'euros ?". Il s'est fait enfin congédier par le chauffeur - soulagement mais de courte durée pour moi car celui-ci me fait la facture avant même de démarrer et me réclame les 25 dinars. Après quoi, il ressort ! Aaaaaaah ! J'ai essayé de ne pas paniquer tout en surveillant que personne n'essaie d'ouvrir le coffre où il y a mes valises. Pour me calmer, j'appelle mon collègue. Je venais de terminer le coup de fil quand le chauffeur rentre de nouveau dans la voiture, mais j'ai fait comme si j'étais encore en train de parler et dis bien fort "ok, à tout à l'heure !" Il me regarde et me demande la permission "je cherche encore une autre course, ça va ?" - "ça change quoi pour moi ?" (genre, ça diviserait le prix par 2) "rien !" qu'il me dit en rigolant et avec culot. "Non, j'ai dit, on y va, on m'attend". Bref, voilà la première histoire - je passe sur son style de conduite trèèès sportif, sans ceinture ni pour lui, ni pour... moi. Mais je suis arrivée saine et sauve et délestée de 25 dinars contre un prix réel de la course à moins de ... 5 dinars !!!!! Mais la "touriste-que-je-suis-qui-s'est-fait-plumer" a décidé de rester zen et de garder le sourire.
Deuxième anecdote taxi, ce matin après une réunion de travail. Retour à notre QG et expérience du chauffeur de taxi donneur de leçon. Très intéressant aussi ! C'est la énième fois que mon collègue prend un taxi, qu'il indique à chaque fois "Cité Olympique" et qu'on l'y emmène sans problème. Là pas de bol, on tombe sur un chauffeur qui nous affirme qu'il y a en fait... 2 Cités Olympiques, une à 5 mn en voiture et une autre à l'autre bout de la ville ! Mon collègue s'énerve et refuse qu'on appelle la personne qui nous attend et qui pourrait guider le chauffeur en arabe, au téléphone. Quant à moi, j'ai essayé de faire la médiation entre les deux hommes. En attendant, on est repassé 3 fois au même endroit avec le compteur qui tournait, tournait ! Et plus le compteur tournait, plus mon collègue s'énervait "je n'aime pas ça, je n'aime pas ça" marmonna-t-il. Comme la course était pour moi, j'ai fini par faire appel au Dieu Google Itinéraires pour tomber enfin sur l'adresse exacte de notre destination. J'ai passé mon smartphone au chauffeur taxi qui s'est exclamé car il avait raison ! On était déjà au bon endroit lors du premier passage mais c'est mon collègue qui a voulu partir ailleurs ! Le chauffeur évidemment ne s'est pas privé de le lui rappeler. Au final, j'ai payé 7,60 dinars au lieu de 3-4 dinars et on s'est à peine dit merci et au revoir !
Troisième anecdote de la journée - Il faut d'abord que je vous brosse le tableau : milieu de l'après-midi, circulation soutenue dans la ville, un grand carrefour, un rond-point, des immeubles de bureaux modernes tout autour, partout, je suis seule sur le trottoir et mis à part que l'endroit n'était pas très loin du centre-ville, je ne savais pas dire où j'étais. Objectif : arrêter un taxi, vide sans autre passager de préférence. Au bout de 5 mn, enfin ma voiture jaune, la cinquantaine bien avancée pour le chauffeur. Je m'approche de la vitre côté passager qu'il... ne descend pas, je comprends donc qu'il faut tout de suite monter - ce que j'ai fait. Je m'installe et lui indique l'hôtel Golden Tulip du centre-ville, il se fâche et m'engueule en disant qu'en centre-ville il y a beaucoup beaucoup d'embouteillage, paroles qu'il illustre avec un geste des 2 mains qui dans mon pays représente l'insulte suprême mais qui dans tous les pays africains (nord, ouest) où je suis déjà allée, veut "juste" dire "beaucoup". Je reste quelques secondes interdite devant ... "l'exubérance" de sa réaction, enfin de sa gestuelle. Il continue dans un mélange d'arabe et de français à me dire que le Golden Tulip de Gammarth est l'original mais le centre-ville - embouteillage... ce sont les mots que j'ai compris. Tout ça en roulant avec moult coups de klaxon, les deux mains levées à chaque fois, signe d'énervement, d'impatience. Bref, le papy tunisois n'arrêtait pas de ronchonner. Pour couronner le tout, il a sorti sa cigarette et m'a enfumée pendant le reste du trajet. Bon, lui au moins n'a pas essayé de m'arnaquer côté prix de la course : 2,80 dinars s'affichaient sur son compteur à l'arrivée. Là je sors mon portefeuille, challenge de l'instant : reconnaître les pièces de monnaie toutes lissées à force de passer de main en main, et sur lesquelles les 1 (dinar) et les 5 sont écrits si petits et se mélangent avec l'écriture arabe - bref une vraie torture pour les yeux. Je l'ai alors sollicité pour m'aider : je montre une pièce "qu'est-ce que c'est ?" il me répond en gueulant "UN" (1 dinar), "et ça" (je montre une autre pièce) - "UN" (ça fait 2 dinars), "et ça ?" - "UN" (je me marre intérieurement ha ha ha) donc ça fait 3 dinars, je lui dis "c'est bon, le reste c'est pourboire". Et là, et là, il me demande "NATIONALITÉ ?" je fais "hein ?" il re-rugit "NATIONALITÉ" - je me re-marre et sais d'instinct qu'il ne fallait pas dire "française", je lui dis, non pas "malgache" mais "MADAGASCAR" et ... miracle, j'obtiens mon premier sourire depuis les 15 mn que j'ai passées avec lui dans sa voiture jaune enfumée. Il a répété "ah Madagascar" et j'aurais parié qu'il a regretté d'avoir été aussi peu aimable. Je souris aussi et descends enfin.
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Fin de l'histoire. Elle t'a plu ? intéressée ? fait marrer aussi. N'oublie pas de cocher juste en bas. Cela m'encouragera à t'en raconter d'autres, des histoires. Choukrane djazillan (merci beaucoup) !
trop bon!!!
RépondreSupprimerenvoie-nous encore d'autres de ce genre.
Noro
Encore, encore!!!! comme j'y étais! hihih
RépondreSupprimerhjv