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dimanche 27 septembre 2015

Ma vie de consultante (n° 2)

Si on m'avait dit ça il y a des années, l'aurais-je cru ?
Si on m'avait prédit une tranche de carrière dans le consulting, sans doute aurais-je rigolé...
Et pourtant !

Il y a quelques mois, j'ai raconté ma vie de consultante, et partagé parfois des anecdotes drôles comme les taxis tunisois ! Pour la suite : aujourd'hui j'aimerais juste regarder dans le rétroviseur et coucher par écrit en quelques paragraphes mon équilibre, ma satisfaction personnelle et professionnelle. Ah, si on m'avait dit...

Cinq ans auparavant encore, je ne connaissais que le salariat. Mes parents étaient salariés, du privé pour l'un et de la fonction publique pour l'autre. Après mes études, quand pendant à peine quelques semaines, j'ai "déliré" (à leurs yeux) en parlant de créer une entreprise, ils m'en ont dissuadé et j'ai vite cédé ! C'est dire le manque (ou l'absence ?) d'esprit d'entreprise dans mon éducation (ou dans mon pays ? à l'époque ?). Oui j'avais cédé car au final, bien qu'ayant eu quelques bonnes idées, je n'avais aucun exemple à suivre dans mon entourage... eh oui ! la transmission (de parent à enfant) est essentielle. Et puis, rien de mieux que le salariat et la pérennité de l'emploi - des termes que j'entendais souvent dans la bouche de mon père, au moins à chaque fin de mois, il "tombe" quelque chose sur ton compte.

(...)

Dans ces 3 points de suspension et parenthèses, il y avait 10 années de salariat !

Puis le grand virage ! Quoique non, relativement dans la douceur. 2 années d'expatriation en Afrique dont la première à être femme au foyer. Brrr... cela sonne hélas comme un gros mot, encore aujourd'hui, à mes oreilles. J'avais essayé de positiver : "profites-en tu as suffisamment trimé, glande un peu" ; mes enfants avaient besoin de ma présence à la maison, c'est clair. Las ! Je ruminais. Je n'arrivais pas à me la couler douce, je n'arrêtais pas de penser sans cesse à ce que mon père se plaisait aussi à dire : "une femme doit travailler ! elle ne doit pas demander à son homme jusqu'aux sous pour s'acheter une culotte !" Ah ça ! je l'avais souvent entendu pendant mon adolescence. Paroles oh combien fondatrices : je n'aimais pas et je n'aime pas dépendre d'un homme financièrement. Du moins, je suis profondément attachée à l'idée d'avoir mes rentrées d'argent, fussent-elles bien plus modestes que celles de mon partenaire.

Bon, je m'éloigne avec cette histoire de petite culotte, même s'il était question de virage...

J'ai donc eu la chance de pouvoir retravailler après cette première année supposée douce. Je suis devenue "Consultante" ! Ah ! mais il tombait quand même des sous régulièrement tous les mois car j'étais en contrat à durée déterminée dans le cadre d'un projet bien défini.

Puis à nouveau un virage. Par choix et en même temps parce qu'on a dû quitter l'Afrique, terre ô combien attachante (et qui te rappelle à elle plus tard - l'Afrique on l'a dans le sang et je pense bien que je me suis laissée ensorceler... je raconterai peut-être dans un autre post à venir).

Saut vers l'Europe ! L'Europe que je connaissais jusque-là était divisée en deux : celle des études, de la jeunesse et de la famille, symbolisée par l'Allemagne et la Hollande ; puis celle des vacances : la France. Mais l'Hexagone, quand on y vit pour de bon, doit s'apprendre et s'apprivoiser, on tâtonne au début mais la francophonie aidant, on avance vite quand même. Pourtant, que faire en France et comment surtout, réintégrer le secteur bancaire en pleine crise post-2008 où on licencie à tour de bras ? Puis honnêtement, la banque de détail ne m'inspirait plus, ne me motivait plus. Pour avoir participé à des séminaires et stages d'intégration dans le réseau bancaire français au milieu des années 2000, j'étais bien placée pour savoir que les commerciaux dans la banque, cadres ou pas, fonctionnaient avec des indicateurs de performance et des suivis quotidiens d'activité, que c'était une source de stress et que cela ne me faisait pas envie. Non pas que je n'aime pas fonctionner avec des objectifs chiffrés mais je trouvais cela rébarbatif et réducteur. Et puis j'avais envie d'autre chose...

Je l'avais cherché loin, le nouvel horizon : le Canada ! L'envie de découvrir, de passer plus que des vacances, de relever un nouveau défi au-delà de l'Atlantique. Mais trop loin, trop compliqué, trop plus de mon âge, trop trop... Et puis la vie n'attend pas que les rêves s'exaucent, la vie exauce parfois des souhaits qu'on n'a pas osé rêver.

Il y a bientôt 4 ans commençait ma vie "d'indépendante" (plein d'autres termes pour cela : free-lance, autoentrepreneur). J'en avais presque honte, je disais que la vie de bureau me manquait, huit heures par jour, avec des collègues, des gentils, des moins gentils, un chef plus ou moins sympa ou pas, un téléphone qui sonne, des mails qui tombent, des clients qui harcèlent... Et voilà que je travaille depuis chez moi, seule ou presque, avec des mails aussi et Skype ou d'autres messageries instantanées comme outils de communication.

J'avais mis longtemps pour me rendre compte de tous les avantages que j'avais déjà, dont plein d'autres rêvent : pas de contraintes (donc pas de dépenses) de transport ; pas de chef sur le dos ni de collègue qui empoisonne ma vie ; être avec ma famille pendant que je travaille (source de déconcentration aussi souvent, mais j'y arrive avec de l'autodiscipline) ; mener une double vie ou deux vies en parallèle : je m'affranchis de la vie citadine, je profite de la campagne, de la nature et de l'air pur, mais utilise les dernières technologies pour travailler.

Et l'aspect que j'apprécie le plus : la flexibilité considérable en matière de temps. J'ai introduit la notion de micro-sieste dans mon mode de vie, au fil des années mon corps sait se contenter d'un petit somme de 15-20 minutes et mes neurones sont reboostés ! Qui peut se vanter de pouvoir faire une bonne petite sieste sans aucune mauvaise conscience au bureau aujourd'hui ? Et pas sur un coin de bureau ! Moi je suis dans mon lit, sous ma bonne couette, et pourtant pas question de jouer la feignasse, avant j'avais besoin de réveil (au bout de 20 minutes, autodiscipline), maintenant mon corps me réveille. Plus de congé à poser, plus de vacances à négocier, entre deux contrats je peux partir en vacances ou rendre visite à ma famille ou sortir en amoureux avec mon mari, sans que personne n'y trouve à redire.



Frankfurter Börse


En contrepartie, je connais le travail le week-end : démarrer un contrat un dimanche à 17h n'est pas évident, tout comme travailler encore à 1h du matin - mais au moins, je suis chez moi ! La frontière entre vie privée et vie professionnelle devient ténue, voire inexistante, car je travaille sur un livrable et j'entends tout d'un coup le lave-vaisselle qui finit de tourner, ou bien je pense à mon linge à étendre ou au repas à préparer si j'ai trouvé l'idée géniale du "que-va-t-on-manger-aujourd'hui". Alors je quitte l'ordinateur et cours, je liquide 2-3 tâches ménagères puis re-cours pour retrouver mon poste de travail. Sans parler des enfants ou du mari qui peuvent me solliciter de façon intempestive.

Mon étoile professionnelle m'a souri il y a 1 an de cela en m'ouvrant une nouvelle voie qui me permet de continuer sur ce mode de fonctionnement (auquel je ne veux plus renoncer aujourd'hui, la vie de bureau non merci !) et de voyager en même temps. Et comme si elle ne l'était pas déjà suffisamment auparavant, ma vie est devenue un challenge permanent. Combien de fois je me suis surprise à me dire que décidément, je rentre dans un pantalon trop serré (traduction libre du malgache pour désigner une activité qui nécessite bien plus que tes capacités habituelles, qui relève même quasiment de l'impossible). Casse-gueule, très très serré parfois, mais j'y rentre quand même. A ces occasions-là, j'ai l'impression que mon cerveau travaille à 200% de sa capacité et que je recrache de la fumée par tous les trous de la tête... Mais qu'est-ce que ça fait du bien quand a posteriori je me rends compte que j'ai encore appris quelque chose, et donc progressé !

Car être consultant, c'est le fait de savoir analyser rapidement une situation, un contexte, d'en faire la synthèse et d'y apporter une valeur ajoutée avec des recommandations pertinentes. C'est donc quelque part jouir d'une grande liberté de penser ou de présenter ses idées, l'important est de savoir/pouvoir convaincre, et quand c'est le cas, on est (doublement) écouté. Et ça c'est gratifiant !

Alors, à ceux et celles qui seraient tentés de travailler à leur compte, qui auraient déjà pensé à quitter le monde tranquille (sur certains aspects seulement) du salariat, je leur dis : Courage ! Sautez le pas, cela vaut le coup d'essayer. Ceux qui ne craignent pas trop les petits passages à vide entre deux contrats - donc un compte en banque moins garni pendant un certain temps (encore qu'il suffit de bien gérer et anticiper !) et n'ont pas peur des contraintes des déplacements professionnels, je dis : Go ! A ceux qui se demandent dans quelle branche je bosse, je les invite à visiter notre site web.




















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